Lutte contre le système prostitutionnel

Lutte contre le système prostitutionnel

« Mercredi 27 novembre arrivera en séance publique un texte qui suscite des réactions passionnées, des avis parfois tranchés, la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel.

La grande majorité des réactions se concentrent sur deux articles de la proposition de loi, ceux instaurant une pénalisation du client, par une contravention de cinquième classe de 1 500€, ou par un stage de sensibilisation, aux frais du client, sur le même modèle qu’une infraction au code de la route.

2013-11-26-Prostitute-Wiki

Photo D.R. – http://fr.wikipedia.org

Je regrette pour ma part que le débat se soit focalisé sur cet aspect, et surtout qu’il ait oublié les avancées incontestables que comporte ce texte pour les femmes prostituées : suppression du délit de racolage passif, création d’un fonds dédié, meilleur accompagnement pour les femmes qui souhaitent sortir de la prostitution, possibilité pour les associations de se porter partie civile, entre autres.
Pour autant, qu’on l’appelle pénalisation ou responsabilisation, la création d’une contravention, l’inscription du recours à la prostitution dans le code pénal, ne me semble pas la réponse adaptée à la situation considérée, tel que je l’avais déjà exprimé à mon arrivée à l’Assemblée nationale.

Deux raisons prédominent à mes appréhensions. La première est celle relayée par de nombreuses associations de terrain, parmi lesquelles Médecins du Monde, Aides, ou le Planning familial, pour qui la pénalisation du client va cacher la prostitution, éloigner les prostituées des structures de soins, de dépistage et de prévention et ainsi les précariser encore plus.

La seconde est peut-être un peu plus éloignée de la bien-pensance contemporaine. Le rapport de l’IGAS l’a souligné, il n’y a pas une mais des prostitutions. La traite et le proxénétisme doivent évidemment être combattus avec résolution et pugnacité. Mais la traite et le proxénétisme ne suffisent pas à définir la prostitution. Les associations de prostituées, reçues lors d’une table-ronde, évoquent ces femmes qui exercent la prostitution sans contrainte extérieure et leurs craintes de les voir pénalisées par ce texte.

Ces nuances, cette diversité de situations, sont à mon regret, les grands absents de ce débat. »

Communiqué d’Édith Gueugneau le 26 Novembre 2013.

Laisser un commentaire