Fermeture des usines Allia de Digoin (71) et de La Villeneuve au Chêne (10).
350 salariés et élus partent vendredi en Suisse manifester devant le siège de l’actionnaire GEBERIT.
Ce vendredi 21 octobre 2016, sept bus, composés d’élus et de salariés d’Allia de Digoin et de La Villeneuve au Chêne, se déplaceront à Jona en Suisse, au siège du groupe GEBERIT pour faire entendre leur voix.
À Jona, la délégation française sera accueillie par le syndicat Unia. Après une marche dans les rues de la ville, le cortège se rendra au siège de Geberit afin de remettre la pétition signée par plus de 4 000 personnes « contre la fermeture des sites de production d’Allia Digoin et de La Villeneuve au Chêne ».
Les maires des deux communes, Fabien GENET, maire de Digoin, vice-président du Département de la Saône et Loire et Jésus CERVANTES, maire de La Villeneuve au Chêne, vice-président de la Communauté de Communes des Rivières, feront eux-aussi le déplacement pour Jona.
Ils ont écrit à Christian BUHL, PDG de GEBERIT. Après lui avoir rappelé que « la fermeture des usines françaises d’ALLIA et la suppression de 260 emplois vont constituer un drame économique et social pour nos territoires respectifs », ils sollicitent un entretien pour « exposer la situation vécue et évoquer la responsabilité du groupe GEBERIT quant au devenir des salariés et des territoires. »
Entreprise spécialisée dans la production de sanitaires en céramique, le rachat d’ALLIA par GEBERIT en 2015 avait fait espérer un nouveau départ pour ces sites industriels, avec notamment la mise en place de nouvelles méthodes de travail que les salariés avaient appliquées avec beaucoup de sérieux et d’engagement. Mais en mai 2016, Geberit a annoncé sa décision de fermeture de ses deux sites industriels français. Depuis lors, les salariés d’Allia multiplient les actions pour défendre leurs emplois (marche de soutien, présence sur le Tour de France, tenue de stand aux manifestations locales…).
(Départ à 3h de Digoin – Place Maréchal Leclerc – et 3h45 pour les salariés de Villeneuve au Chêne
parking usine -)
Communiqué de la Mairie de Digoin, le 19 Octobre 2016.
LES CHIFFRES :
Geberit, dont le siège est à Jona en Suisse, emploie plus de 12 000 personnes à travers 41 pays. C’est le leader européen des technologies sanitaires et des équipements de salles de bains. Le groupe revendique un chiffre d’affaires net de 2,6 milliards de francs suisses (environ 2,4 milliards d’euros). Il possède 29 sites de production en Europe dont La Villeneuve au Chêne et Digoin. Il a racheté en 2015 le groupe SANITEC, auquel appartenait ALLIA.
Reconnue pour ses faïenceries, sa céramique et ses poteries, la ville de Digoin (8.000 habitants) est située en Saône-et-Loire (71), à la frontière entre la Bourgogne et l’Auvergne.
Allia, dont l’usine de céramique sanitaire est implantée sur Digoin depuis 99 ans, fait partie du patrimoine local.
La Villeneuve-au-Chêne (436 habitants) se situe dans le Département de l’Aube. Elle dépend de la sous-préfecture de Bar-sur-Aube. L’usine qui fabrique des WC en céramique était implantée depuis 1936 sur la commune.
VERBATIM :
« La fermeture des deux sites français n’est pas légitime ! »
« Le groupe Geberit gagne énormément d’argent. L’activité céramique ne perd pas d’argent. Ils ont fait un bon coup en rachetant Sanitec, il y a deux ans. Ils annoncent une belle hausse du marché en 2017 et, en même temps, ils émettent le souhait de nous fermer. C’est contradictoire. Les raisons réelles de cette stratégie sont inavouables dans le cadre d’un licenciement économique. Nous restons convaincus de l’illégitimité de ce plan social massif qui va rayer de la carte de France, deux usines leaders sur leur secteur d’activité. »
« Même si on sait que le marché a connu une crise, il y a eu des délocalisations. On a voulu rentabiliser les usines d’Europe de l’est au détriment de celles de l’ouest. Les volumes de porcelaine produits par les usines françaises Allia représentent à peine 15 % des volumes vendus par ce même groupe en France. Presque neuf pièces céramiques sur dix écoulées sur le marché français par la société Allia proviennent de l’étranger. Depuis 10 ans, nos directeurs industriels, qui sont restés les mêmes avec le rachat, nous ont dépouillés de nos volumes de productions, ont pratiqué une politique d’investissement proche du néant. Aujourd’hui, ces dirigeants, nous annoncent une fermeture définitive. »
Pierre-Gaël Laveder, salarié d’Allia (06.48.17.32.87).
« On va mener notre action jusqu’au bout, et on ne va pas leur faire de cadeau. On ne sait pas combien de temps ça va durer. Quatre, six, huit, dix mois… Mais on n’a qu’un seul objectif : sauver le site. On fera tout pour, on ne va pas se laisser mettre à la porte comme ça. Et si on doit quand même fermer, il faut qu’ils nous trouvent à tous un job ! »
Pascal Auxoux, porte-parole des représentants du personnel au comité central d’entreprise d’Allia.
« L’annonce par ALLIA de sa volonté de fermer ses deux sites de production française, dont celui de Digoin, a plongé notre ville dans la stupeur et la consternation.
Cette annonce pose question. Les pertes annoncées par ALLIA pour justifier ce choix sont-elles dues à une baisse du marché ou sont-elles la conséquence d’arbitrages du groupe propriétaire (SANITEC puis GEBERIT) ? Plus clairement dit, le groupe a-t-il délocalisé ces dix dernières années des productions des sites français vers ses usines du Portugal, ou d’Europe de l’Est ?
Tout a-t-il été fait pour conserver une production industrielle en France ? GEBERIT, nouveau propriétaire puissant, a-t-il vraiment recherché une alternative à cette fermeture complète d’un site bientôt centenaire comme celui de Digoin ?
Autant de questions que nous souhaitons poser directement à ALLIA et GEBERIT. Aux côtés des salariés, nous souhaitons que ce choix stratégique puisse être examiné à nouveau pour que soit défendue la production industrielle française. La responsabilité économique et sociale d’ALLIA et GEBERIT est clairement engagée : nous sommes résolus à le leur rappeler fortement et à obtenir que ce groupe assume ses responsabilités envers ses salariés et envers le territoire, plongés aujourd’hui dans l’inquiétude. »
Fabien GENET, Maire de DIGOIN, Vice-Président du Département de la Saône et Loire (06.13.59.67.03).